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40e colloque international du GERAS

Programme
40e colloque international du GERAS
Visuel du 40e colloque international du GERAS 2019
<p>21-23 mars 2019, organisé par l'université Paris 2 Panthéon-Assas</p>

Éthique et domaines spécialisés : place, fonctions et formes des considérations éthiques dans les langues-cultures de spécialité en anglais

La recherche en anglais de spécialité a été abordée sous divers angles, mais les considérations éthiques et leur place, leurs fonctions et leurs formes dans les discours et dans les communautés concernées ne semblent pas avoir reçu l’attention qu’elles méritent. Or, bon nombre d’acteurs des domaines spécialisés disciplinaires ou professionnels se posent des questions d’ordre éthique, que ce soit au niveau de leur organisation, de leurs responsabilités, de leur positionnement ou de leurs relations avec la société en général : il leur faut justifier leurs décisions (Rawls 1987).
On citera, en guise d’exemples, l’éthique juridique et les règles de déontologie des professions juridiques, la finance éthique, l’éthique des affaires, le management éthique et les créations récentes de postes de Chief Ethics Officer dans les entreprises, l’éthique journalistique, politique, environnementale, sans oublier l’éthique en médecine, la bioéthique, l’éthique dans les sciences et les nouvelles technologies. Il s’ensuit que les notions d’éthique et de déontologie sont souvent associées de nos jours.

Certes, on pourra déplorer que le vocable « éthique » soit remis au goût du jour à l’heure actuelle en subissant un étirement de son sens véritable vers la notion d’éthique professionnelle ou d’éthique appliquée (Badiou 1993). L’époque moderne tend à ne plus opérer de distinction entre l’éthique aristotélicienne caractérisée par sa dimension téléologique (telos) et la morale kantienne ( marquée du sceau du devoir (deon), même si certains restent conscients de la distinction à opérer entre l’éthique (qui relève de règles personnelles que l’on a choisies, après avoir douté, médité et réfléchi à ce que signifie « la bonne vie »), et la morale, qui est imposée de l’extérieur et se définit par l’obligation de la norme, par des contraintes et des interdictions (Ricœur 1999).
L’idée que « morale » semble avoir une connotation négative liée aux notions de « prescription » et de « devoir » explique sans doute la préférence actuelle pour le terme « éthique ». Un certain flou s’est ainsi installé entre éthique personnelle, éthique disciplinaire et éthique professionnelle.

Les discours spécialisés offrent une source riche en enseignements pour les chercheurs, dans la mesure où leur analyse exige que l’on tienne compte des communautés qui les produisent, des contraintes qui leur sont propres, et du contexte culturel, social, historique et communicationnel qui les motive. Dans le cadre de ce colloque, les chercheurs en analyse du discours pourront s’appuyer sur des corpus de textes spécialisés pour identifier les formes linguistiques et syntaxiques qui sous-tendent les considérations éthiques, ou les aspects rhétoriques mis en œuvre pour servir les buts poursuivis et faire passer le message approprié.
Les linguistes pourront rechercher l’existence éventuelle de marqueurs permettant de déterminer si l’engouement actuel pour ce qui est « éthiquement correct » fait écho aux phénomènes du « politiquement correct » ou aux manifestations du « greenwashing ». Peut-on être soucieux de l’éthique simplement en surface, pour faire bonne figure et, le cas échéant, comment cela se traduit-il dans les discours des milieux spécialisés ?
Il sera également possible d’étudier plus précisément des genres textuels tels que les codes de conduite, les chartes et autres documents servant de support à l’expression de valeurs, de normes et de règles pour en faire ressortir la spécificité. En matière de métaphores, se pose la question de l’impact potentiel que la vision du monde qu’elles transmettent peut avoir sur l’interlocuteur ou le lecteur. Indéniablement, le choix d’une métaphore n’est pas éthiquement neutre, en ce qu’il peut encourager ou décourager tel ou tel comportement ou telle ou telle approche. Comme le souligne Christian Walter (2012) à propos des modèles mathématiques en finance, on peut avancer que toute préférence métaphorique est potentiellement une préférence éthique.

Le thème de ce colloque permettra aux spécialistes de terminologie de s’intéresser, en fonction des contextes, au flou conceptuel qui entoure la dénomination « éthique » en contexte spécialisé, en examinant les concepts connexes de valeur, vertu, norme, morale, code, etc. pour tel ou tel domaine ou sous-domaine de spécialité, soit sur l’axe synchronique, soit sur l’axe diachronique.
L’analyse des arborescences conceptuelles, des éventuels glissements de sens, de la néologie en marche pourra aider à mieux prendre le pouls de la façon dont les milieux spécialisés s’efforcent de tenir compte des exigences de la société en matière d’éthique.

Les traducteurs spécialisés pourront aborder les questions d’éthique en s’intéressant aux conséquences des choix qu’ils opèrent pour transposer un texte d’une langue dans une autre pour un même domaine de spécialité, faire passer un message sans trahir la pensée de son auteur, ni les exigences du donneur d’ordre. Libre à eux de réfléchir à la dose de liberté qu’ils peuvent s’octroyer pour s’assurer que le public cible disposera de tous les outils et informations nécessaires pour comprendre le message que l’auteur du texte initial voulait transmettre.

Enfin, les chercheurs en didactique des langues-cultures de spécialité pourront trouver matière à réfléchir à diverses questions liées à l’éthique (RPPLSP/Cahiers de l’APLIUT 2013). Parmi les nombreuses pistes envisageables, il leur sera possible d’aborder l’éthique sous l’angle de la légitimité et de l’efficacité des méthodologies d’enseignement employées ou d’explorer les liens entre éthique, épistémologie et pragmatique, que ce soit au niveau de l’action ou de la réflexion (Le Moigne 2005).
La « compétence éthique » à faire acquérir aux étudiants dans leurs divers parcours constitue un autre angle d’étude. Il sera également utile d’envisager la question éthique soulevée notamment en recherche-action quant au positionnement du chercheur, non seulement lorsqu’il a recours aux terrains d’autres praticiens pour recueillir des données (Macaire 2007), mais encore lorsqu’il doit prendre du recul par rapport à son propre terrain afin de ne pas invalider sa recherche.

Quels que soient le domaine spécialisé étudié et l’approche privilégiée, chacun pourra décliner à sa manière ce thème fédérateur qui invite à réfléchir à la place, aux fonctions et aux formes des considérations éthiques dans les discours spécialisés et les cultures des domaines de spécialité. Les organisateurs espèrent que les diverses pistes proposées, parmi d’autres possibles, retiendront l’attention de nombreux collègues, inspireront des contributions variées et nourriront des échanges enrichissants.

Références

  • Aristote. Éthique à Nicomaque. Trad. J. Tricot. Paris : Vrin, 1994.
  • Badiou, Alain. L’éthique. Essai sur la conscience du Mal. Paris : Hatier, 1993.
  • Kant, Emmanuel. Fondements de la métaphysique des mœurs. Trad. V. Delbos. Paris : Delagrave. 1985 [1976].
  • Le Moigne, Jean-Louis. « Les enjeux éthiques de la didactique des langues et des cultures n'appellent-ils pas un "nouveau discours sur la méthode des études de notre temps" ? », Études de linguistique appliquée (Ela), n° 140, 421-433, 2005/4.
  • Macaire, Dominique. « Didactique des langues et recherche-action. Recherches en Didactique des Langues et Cultures », Les Cahiers de l’ACEDLE, 2007/4, 93-119.
  • Rawls, John. Théorie de la justice. Trad. C. Audard, Paris : Le Seuil, 1987 [1971].
  • Ricœur, Paul. « Éthique et Morale ». Lectures tome 1, Autour du Politique, Paris : Le Seuil, 1999.
  • RPPLSP/Cahiers de l’APLIUT, numéro spécial « Quelle place pour l’éthique dans l’enseignement des langues de spécialité ? » n° 32 (2) 2013. (Lire en ligne)
  • Walter, Christian. « Éthique et finance : le tournant performatif », Transversalités n° 124, 29-42, 2012.

DATES IMPORTANTES

Propositions de communications

Les propositions de communications sont attendues jusqu’au 15 novembre 2018. Envoi à l’adresse suivante : geras2019@u-paris2.fr

Modalités :

Les propositions de communications porteront les mentions suivantes : nom, prénom, institution, titre et résumé de 300 mots (avec un maximum de 5 références).

Pour faciliter le travail de répartition des propositions entre les évaluateurs, nous vous demandons de porter clairement dans l’objet de votre courriel, en fonction du domaine de spécialité concerné, l’une des mentions suivantes :

  • COLLGERAS_votre nom_éco,
  • COLLGERAS_votre nom_droit,
  • COLLGERAS_votre nom_med,
  • COLLGERAS_votre nom_science,
  • COLLGERAS_votre nom_did,
  • COLLGERAS_votre nom _ autre (précisez).

Retours des avis : 20 décembre 2018

Dates pour les inscriptions

Inscriptions classiques : jusqu’au 31 janvier 2019
Inscriptions tardives : du 1er au 28 février 2019

Tarifs

Tarif classique : 45 euros pour les membres du Geras à jour de leur cotisation et en activité
Tarif réduit : 20 euros pour les doctorants et membres retraités du Geras à jour de leur cotisation
Tarif non-adhérent ou pour inscription tardive : 90 euros